Un an à Calais

Tout est parti de cette photo, prise à la toute fin de l’année 2021, entre Noël et la nouvelle année, en reportage à Grande-Synthe avec Simon Hamy. La frontière franco-
britannique, j’y travaille depuis 2016, l’époque de la Grande-Jungle et de son expulsion en octobre de cette année là. Mais cette photo là, qui montre un agent de nettoyage
découpant une tente au cutter, va un peu changer la donne. 

La pratique est récurrente, mais pourtant jamais vraiment assumée comme on peut le lire ici sur CheckNews. Un an après, à quelques centaines de mètres des lieux de cette première photo, rebelote. Mais cette fois-ci, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti,
respectivement ministres de l’intérieur et de la justice, s’embourbent en tentant de nier ces actions pourtant effectuées sous l’oeil attentif des forces de l’ordre. Libération en parle de nouveau dans cet article. Cette photo, publiée par le Canard Enchainé puis dans d’autres journaux, n’est qu’un témoignage parmi d’autres des traitements réservés à l’exilé, au migrant, au sans-papiers, au dubliné, au demandeur d’asile ayant le malheur de se retrouver coincé entre Calais et le Royaume-Uni, mais va me permettre de continuer à la faire, avec du temps. Et le temps, dans ce boulot, c’est important.

De septembre 2021 à juillet 2022, la rédaction des Actualités Sociales Hebdomadaires me donne alors la possibilité d’assurer pendant un an un suivi hebdomadaire de la situation à la frontière franco-britannique. Comment survivent les exilés présents sur le littoral ? Pourquoi l’Etat a mis en place depuis 2017 une politique de harcèlement à leur encontre ? Comment les associations oeuvrent à cette frontière, malgré la criminalisation de leurs actions ? Quarante reportages pour tenter de répondre à ces questions et de raconter cette frontière et son quotidien aussi terrible que routinier.

Dans le but de condenser ces informations et de rendre accessibles à tous-tes ces reportages, en voici donc la compilation d’une vingtaine, tous en accès libre et gratuit. 


Réfugiés : à Calais et à Grande-Synthe, les ONG pallient les manques de l’Etat

Le tissu des associations qui interviennent jour et nuit à Calais et à Grande-Synthe auprès des exilés est vital. Si leurs missions sont diverses, elles ont pourtant un ADN commun : aller là où l’Etat ne va pas et porter assistance aux exilés au quotidien. 

A Calais, la bataille pour l’eau fait rage

Depuis plusieurs mois, le Calais Food Collective, association qui distribue de l’eau et de la nourriture aux personnes exilées, fait face aux autorités, qui tentent de rendre impossible l’accès à l’eau près des campements. Les cuves qu’elle installe ont été plusieurs fois volées ou percées au couteau.

“Mamie Brigitte”, une retraitée aux côtés des exilés

A 66 ans, « Mamie Brigitte » est une figure emblématique de la solidarité calaisienne. Dans sa maison toute bleue, à la sortie de la ville, elle accueille chaque jour une cinquantaine d’exilés pour subvenir à leurs besoins de première nécessité.

Quand les bénévoles deviennent éboueurs

Dès 2015, la Cour nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) pointait l’absence de système de récupération des déchets sur les campements d’exilés à Calais. Depuis, les associations se battent sur le terrain pour s’en occuper, alors que mairie et préfecture refusent d’y prendre leur part.

Le 304ème mort depuis 1999

A l’aube du mardi 28 septembre, Yasser, un jeune Soudanais de 20 ans, est mort à la frontière franco-britannique en tentant de monter dans un camion en direction de l’Angleterre. Exilés et associations sont depuis mobilisées pour ne pas oublier.

Les tentes lacérées des exilés transformées en cerfs-volants

Des tentes d’exilés lacérées et détruites par les autorités transformées en cerfs-volants, symboles de liberté. C’est le projet mené par des Calaisiens et l’association Shanti. Rencontre avec une classe de seconde qui participe au projet.

A la faveur de la pandémie de COVID, l’Etat a entravé l’aide humanitaire

Quand durant la pandémie et les confinements successifs, les associations sont venues apporter le strict minimum aux personnes survivant sur les campements, elles ont été systématiquement verbalisées. A Utopia 56, la note avoisinait alors les 20 000€.

En hiver, le bois est vital pour se nourrir et se chauffer 

Depuis plusieurs années, le WoodYard coupe une trentaine de tonnes de bois chaque mois que les bénévoles de l’association distribuent sur les différents lieux de vie des personnes exilées. A l’entrée de l’hiver, la question de la chaleur devient vitale sur les campements.

Des couturières face aux barbelés 

Chaque semaine, à l’accueil de jour du Secours catholique de Calais, Anna, Françoise, Christine, Lazare… installent leur atelier couture. Tout l’après-midi, l’équipe reprise les pantalons troués et les doudounes déchirées des exilés.

Une trêve hivernale placée sous le signe des expulsions

Si la trêve hivernale, débutée le 1er novembre, n’empêche pas les expulsions de terrains occupés, les grévistes de la faim réclamaient cependant l’arrêt des évictions quasi quotidiennes des lieux de vie des exilés.  Une demande qui n’est pas satisfaite à ce jour.

La « confiscation » des affaires des exilés ne passe plus

Près de 5 000 tentes et bâches confisquées depuis janvier, 72 % des personnes exilées qui ne retrouvent pas leurs affaires après les saisies : les chiffres des associations sont incontestables et mettent en lumière un protocole qu’elles dénoncent depuis deux ans déjà.

Des distributions d’eau et de nourriture interdites

ans une trentaine de rues de la ville, distribuer gratuitement de l’eau ou de la nourriture à une personne qui en a besoin est passible de 135€ d’amende. Et c’est un arrêté préfectoral en vigueur depuis plus d’un an qui le formule clairement.

Toutes les 48H : les expulsions se suivent et se ressemblent 

Depuis plusieurs années sur le littoral de la Manche, les bénévoles de Human Rights Observers suivent les expulsions des campements où survivent les personnes en exil. Selon leur rapport annuel, en 2021, plus de 1 200 évacuations ont eu lieu à Calais.

Une grève de la faim pour dénoncer les conditions de vie des exilés

Lundi 11 octobre, à Calais, trois personnes entament une grève de la faim illimitée pour demander l’arrêt des expulsions et des confiscations quotidiennes à l’égard des migrants dans le Pas-de-Calais. Une action radicale pour « contrer un Etat qui se radicalise ».


La nécessaire prise en charge psychologique des bénévoles 

Depuis 2016 à Calais, de nombreux bénévoles se succèdent pour venir en aide aux personnes exilées en transit à la frontière franco-britannique. Confrontés à des situations difficiles, ils sont de plus en plus nombreux à bénéficier d’un soutien psychologique.

La téléphonie, enjeu crucial pour les personnes exilées

Depuis 2016, le Refugee Info Bus apporte sur les campements d’exilés de Calais électricité, WiFi, cartes SIM et recharges téléphoniques. Une aide indispensable aux personnes alors que les téléphones portables sont souvent leur seul moyen de communication avec les familles ou les secours.

Un accès aux soins difficile pour les personnes exilées 

Pour les personnes exilées, l’accès aux soins est un réel parcours du combattant. Si le système de santé français est accessible à tous, la présence de plusieurs associations comme la Croix-Rouge sur les campements s’avère essentielle pour soigner, conseiller et orienter.

Au centre de rétention administrative : « Même la prison, c’est plus vivable qu’ici »

En 2020, près de 900 personnes en situation irrégulière ont été retenues au centre de rétention administrative de Coquelles, près de Calais. Construit en 2003 à la frontière franco-britannique, les conditions de vie y sont difficiles pour les sans-papiers.

A Calais, les bénévoles sont surtout des femmes

Une majorité de femmes se mobilisent au quotidien pour aider les personnes exilées à la frontière franco-britannique. Plusieurs d’entre elles, tentent d’expliquer l’absence des hommes.

Des maraudeurs à la rencontre des mineurs isolés

Depuis plus de cinquante ans à travers le pays, France terre d’asile accompagne les mineurs isolés étrangers dans leur parcours d’insertion en France. A Calais particulièrement, la difficulté est de les rencontrer et de les mettre petit à petit en sécurité. Récit d’une maraude sur les campements.

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